SOUBES

Dans le canton de LODÈVE, la commune de SOUBES a une population de 621 habitants pour une superficie totale de 1200 ha. Les habitants s'appellent les Soubésiens.

Situation

Au nord-est de LODÈVE, le village se dresse sur une petite éminence (239 M). Il est situé sur la rive droite de la BREZE, affluent de la LERGUE. Au nord, un vallat, le SOUBREBET, longe un instant l'agglomération avant de venir se jeter dans la BREZE au nord-ouest de SOUBES.Retour

Géologie

Le tènement de SOUBES, malgré sa proximité du lodèvois présente, plutôt, de grandes similitudes géologiques avec le Causse. On y trouve des formations karstiques, de nombreuses sources alimentées par l'eau collectée sur le Causse. Dans le village les affleurements rocheux sont fréquents (tuf et travertin) et il n'est pas rare de constater que les maisons utilisent des éléments naturels intégrés à la construction. Un aven déboucherait même dans une demeure, près de l'église. En 1835, le cadastre signalait cette maison comme ayant un "souterrain" ! On n'y rencontre pas les formations permiennes, propres au lodèvois, mais des structures relevant du Mio Pliocène, du Quaternaire et du Mésozoïque indifférencié.
Si les coteaux entourant SOUBES possèdent de nombreuses sources, il faut néanmoins signaler que le village "intra-muros" en est dépourvu et qu'il a fallu attendre 1701 pour que la fontaine de la Coural soit édifiée contre le rempart. Les habitants, pour leurs usages, allaient puiser l'eau à la rivière.Retour

Économie

SOUBES est, aujourd'hui, un village vivant essentiellement de l'agriculture et plus particulièrement de la viticulture. Il n'en a pas toujours été ainsi ! Sa situation et ses paysages proches de ceux du Causse l'ont destiné à l'élevage et surtout celui des ovins. Dans la mouvance de LODÈVE et de ses industries textiles, SOUBES a entretenu de nombreux petits ateliers, sous traitant une partie du travail de préparation à la filature : cardage, lavage etc... Ce développement, suivant celui de Lodève, l'agglomération a connu une ère de prospérité de la fin du XIX° au début du XX°. Actuellement il ne subsiste de cette période faste que les maisons bourgeoises "Napoléon III" de la Coural, certains beaux balcons du XVIII° et des usines abandonnées : Le Pont, le Martinet, l'Oulette, les Cambous etc...

L'industrie n'étant plus le facteur dynamisant de Soubès, il faut peut-être, se retournant vers un passé plus lointain, aller y puiser de nouvelles possibilités, de nouvelles pistes.Retour

0rigine et Histoire

Pour les temps préhistoriques, rappelons que plusieurs dolmens sont répertoriés sur le territoire de la commune : deux au Bois des Coutelles, au nord du village et un à la Molentie, au nord-est. Ce dernier a d'ailleurs livré, lors de fouilles de sauvetage organisées par G.B. ARNAL, un intéressant mobilier. Sa datation permet de supposer une occupation régulière du secteur dès le VI° siècle av.J.C. Plus prés de nous, des vestiges gallo-romains, en bord de routes, proches de St Cyprien contribuent à attester de l'occupation suivie de la zone. Le nom de "chemin farrat" porté par la voie, sortant du village, vers la Bouvière, est encore une preuve de cette ancienneté. Il s'agit probablement d'une partie du tracé de la voie romaine de Lodève à Arisitum (Le Vigan) reconnue par Appolis. Nous n'avons pas, ou très peu, de témoignages sur les époques wisigothiques et franques, mais il parait probable que la fondation de St Cyprien remonte au premiers, grands bâtisseurs d'églises.
A. SOUTOU a avancé, en 1992, l'hypothèse d'une première implantation, autour d'une motte castrale, au confluent du SOUBREBET et du BOUFFIAC. Cela pourrait correspondre à la VILLA SUPERBIS (var. SUPERTIS), mentionnée dans le testament de St Fulcran en 988. La formation du village actuel, autour d'une nouvelle forteresse, pourrait dater du XII°. Les sources écrites nous permettent de remonter, sans parler du testament de Fulcran, jusqu'en 1145.
Les mentions se rapportant à diverses appellations de Soubès sont les suivantes:
-1145 Castrum de Sobers
-1162 S.Cypriani de Sobers
-1252 S.Scipriani de Subertio
-1264 Subercio
-1529 Soubez
-1584 Soubaiz
-1586 Soubes
-1622 SoubetRetour

Pour F.HAMLIN le toponyme provient du cognomen (surnom) SUPERSTIS et attesterait de l'existence d'un domaine gallo-romain. Ne pourrait-on y voir, plutôt, la transformation de l'appellation suburbium, désignant le ressort d'un castrum. Le castrum de Superbis, celui de Lodève... ? L'appellation du vallat, le SOUBIOEBET ou SOUBERBET, ne serait-elle pas une piste ? Pour les auteurs de la Carte archéologique de la Gaule (1998) SOUBES, avant l'an mil, est bien un castrum, ou une tour d'une vicaria de Lodève, mais sans suburbium mentionné dans les textes.
Le premier seigneur de Soubès, depuis le X° siècle, est l'évêque de Lodève. Très rapidement les prélats, soucieux d'assurer la sécurité de leur domaine, cédèrent contre hommage et redevances une partie de leurs droits. Ces nouveaux seigneurs, défenseurs de l'Église, prirent le nom de leur seigneurie. Ainsi naquirent les de Lodève, de Gignac, de Soubès etc...
Au XIII° siècle, on suppose l'existence d'un quartier seigneurial, à l'emplacement de l'actuel château, et la coexistence d'au moins une bonne demi-douzaine de co-seigneurs (F.Moreau dénombre au cours des siècles 34 familles détenant des droits de justice et 7 ayant seulement des revenus). Les éléments de rempart subsistant entre Traoucou et Pourtanel et au sud-est du château doivent dater de cette période. On peut se faire une idée de l'importance de Soubès à cette époque en répertoriant les édifices religieux.

- St-Clément-de-Man : attestée aux environs de 1100 (donation) elle figure en 1331, comme annexe de la paroisse St-Jean-Baptiste de PEGATROLLES, propriété de l'évêque de LODÈVE. On en connaît un plan, d'après l'abbé HEBRARD, mai aucune certitude quant à son emplacement. N'est plus mentionnée dès 1631.
- St-Cyprien-de-SOUBES : Eglise paroissiale, à la collation de l'abbé de St-Sauveur de LODÈVE. Elle se dresse dans le cimetière, de l'autre coté du SOUBREBET. Au XVII° le service fut transféré à Ste Marie-madeleine.
-St-Géraud du Castel-Viel : Chapelle castrale du "château" de Fulcran, abandonnée lors de l'essor du nouveau bourg.
-St-Pons ad Duas Mansiones : Signalée en 1123 (bulle de Callixte II). Ses ruines seraient au tènement de Saint-Pons.
- Ste-Marie-Madeleine de Soubès : Ancienne église castrale, elle dépendait de St Cyprien. Faite paroissiale en 1628 elle accueillera désormais les sépultures des seigneurs.

C'est durant les Guerres de Religion qu'apparaît une famille récemment ennoblie: les Peyrottes. Originaires du Rouergue, après s'être enrichis dans le négoce, ils sont seigneurs de Soubès et reconstruisent le château. Le premier Peyrottes a être cité comme seigneur de Soubès est André en 1507. En 1561, Michel de Peyrottes est viguier de l'évêque Claude Briçonnet, probablement l'une des raisons qui, durant l'occupation de Lodève par les protestants, entraîna l'évêque à aller se réfugier à Soubès, suivi de près par de nombreux catholiques. Est-ce pour le remercier que Briçonnet lui cède tous les droits sur Soubès, moyennant 600 livres ? L'année 1584 verra l'invasion du village par les troupes protestantes du Duc de Montmorency. Soubès s'était rallié à la Ligue !
En 1631, dans "l'inventaire des biens prétendus nobles", Michel de Peyrottes figure, avec comme propriété le château, alors que son co-seigneur, Charles de Carcassonne y est porté pour la Tour. Les Peyrottes deviendront plus tristement célèbres, a la fin du XVII°, avec Gabriel de Peyrottes (1778-1808) qui passera à la postérité sous le surnom de "seigneur brigand".
Les Soubèsiens doivent à cette famille d'avoir, en reconstruisant le château et réhabilité une partie des murailles, redonné une cohérence à la Partie haute du village.

Au XVIII° et XIX° siècles le village subi un certain nombre de travaux dont les plus importants furent la construction de l'église, en 1784, la création de fontaines (1701 et XIX°) ainsi que des remaniements de rues et passages, en particulier au XIX° la suppression des escaliers qui "encombraient les rues".
SOUBES a su aussi perpétuer les traditions lodèvoises. Lorsqu'en 1433, l'évêque Pierre de La Treilhe interdit les Fêtes des Fous à LODÈVE, il semble que la tradition soit passée à SOUBES où elle s'est perpétuée. Plantavit de la Pause, évêque en 1625, s'étonne de voir élire, à SOUBES, un abbé pour le "dimanche et lundy gras". Cette tradition est, peut-être, à l'origine de l'appellation de la porte principale : "porte du fou", au XIII°.Retour

Le Site

Visite histoire et patrimoine

L'on peut commencer la visite à partir de la place des Écoles, au bas de la Coural. Par la rue de Pécoule, parallèlement à la Coural, l'on remonte jusqu'au TRAOUCOU (en languedocien : '"le petit trou"), l'ancienne porte du barry de la Coural. Le long du parcours on pourra remarquer de nombreuses maisons possédant de belles architectures. Elles sont postérieures à l'agrandissement du barry (XVIII°-XIX°). Le Traoucou est un large passage, sous cintre surbaissé, qui communique avec la place de la Fontaine, devant l'église, mai extérieurement au vieux village. La Coural avec son enceinte et ses portes constituaient une sorte de sas, de barbacane. Entre cette porte et la suivante l'on découvre plus de deux cents mètres de courtine de l'ancienne enceinte. Équipée de deux niveaux de meurtrières, entre lesquelles était un chemin de ronde en bois, cette portion de muraille, exposée, devait être difficilement approchable. Au passage il faut remarquer la technique de construction de cette courtine qui présente, par endroits, d'immenses arcatures. Faisant office d'ares de décharge, en allégeant le poids de la construction, elles opposaient aussi une meilleure résistance à la pression exercée par les maisons adossées au rempart, à l'intérieur, et probablement aussi au poids des terres qui devaient êtres plus hautes dans l'enceinte. "Ces ares de décharges sont habituellement apparents à l'intérieur des murailles, pour porter le chemin de ronde, et masquée par le parement extérieur" (Viollet-le-Duc). Si les deux ares, bien dégagés, qui soutiennent la terrasse du presbytère ont été, d'après les textes, construits en 1848 pour empêcher l'écroulement de ce bâtiment, il est possible qu'il s'agisse d'une reprise de l'existant. La suite du mur, présentant le même dispositif en est, peut-être, la preuve. Une visite dans les bâtiments, adossées à l'ancienne muraille, permet de découvrir, en retrait du mur d'enceinte, des couloirs, voûtés en berceau, qui paraissent avoir formé une véritable rue couverte longeant l'intérieur du rempart. Est-ce le cheminement permettant aux défenseurs d'aller servir les archères ?

A la base de ce tronçon une cavité, en forme de cul-de-four, creusée dans la roche, peut avoir servi de cave à fromage pour une bergerie érigée contre la muraille. On peut se rendre compte, un peu plus loin, qu'à plusieurs époques de petits bâtiments ont été édifiés contre celle-ci (saignées pour ancrer les toitures). Ces maisonnettes devaient être utilisées pour des troupeaux ou des besoins agricoles.

Le POURTANEL (la petite porte, le guichet !) s'ouvre à mi-hauteur d'une "calade", la montée des "Catinettes"(petite "tinette", cuve en languedocien, ou diminutif de Catin, Catherine) Ancienne porte, ouverte dans une tour carrée, elle fut restaurée au XV-XVI, peut-être par les Peyrottes, elle s'écroula au XVIII°. En 1720 on reconstruisit la bretèche, ne laissant à la porte que son encadrement. Sur la droite, subsiste une belle arche portée par des impostes à rouleaux, comparables à ceux du Traoucou, vestiges de l'appareil défensif de cette entrée. La montée qui comporte 61 marches nous emmène au cœur du vieux village. La fontaine "de la ville", première sur notre passage a été construite avec deux autres au XIX° (1840).

En parcourant les ruelles vers la Tour on longe le mur du château et l'on passe devant la PORTE OUEST. Elle est flanquée, à droite, d'une meurtrière permettant l'utilisation d'une arme à feu.

LA TOUR, dite de Carcassonne, est un imposant bâtiment de plan polygonal. Sa façade Est porte une remarquable baie romane, sous archivoltes. Plusieurs ouvertures de la façade nord sont géminées. De belles colonnettes, aux corbeilles cubiques décorées de feuilles lancéolées, forment la séparation centrale. La partie sommitale de ce lourd bâtiment porte une rangée de corbeaux. Il s'agit de supporte permettant, soit la mise en place de hourds, soit le maintien d'une canaule de bois, permettant la récupération des eaux de pluie dans une citerne ! Sur la façade ouest, au-dessus d'une large ouverture cintrée, occultée depuis longtemps on peut discerner les restes d'une bretèche. En faisant le tour de l'édifice, il est possible d'apercevoir, par-dessus le mur de clôture, au sud, une très élégante terrasse sur arcades du XVII°.

De la Tour, en empruntant la rue sortant du village l'on va rejoindre la montée permettant l'accès au CHÂTEAU DE PEYROTTES. Tout d'abord l'on a une vue d'ensemble de la PORTE EST. Autrefois elle était accessible grâce à un pont-levis, descendant au-dessus d'un fossé sec. Aujourd'hui un joli pont à deux arches permet le passage. Du château on peut avoir un aperçu au travers de la grille en fer forgé condamnant l'accès. Une tour ronde en protégeait l'accès. La façade nord, que l'on peut deviner est du XVII°.

L'église SAINTE-MARIE MADELEINE, construite en 1784 sur l'ancienne chapelle du castrum, n'est pas orientée. L'entrée est au sud et le chœur au nord. Pour des raisons de place elle doit être perpendiculaire aux fondations de l'ancien bâtiment qu'elle recouvre. La porte, surmontée d'un fronton néoclassique est de belle facture, typique de son époque. Face à l'entrée de l'église se trouve l'ancienne maison des Consuls, reconstruite à la même époque. On peut y admirer des ornements du XVII-XVIII°, des statues en bois doré et une cuve baptismale Renaissance. La place, devant le sanctuaire, servait antérieurement pour toutes les grandes manifestations : assemblées générales, fêtes, mais aussi châtiments et exécutions publiques. Quant au clocher carré, servant de tour de l'horloge, il a été édifié sur une tour médiévale, celle qui surmontait la porte principale du village.

La FONTAINE DE LA COURAI, a été la première à équiper le village en 1701 ! Le bassin a été rajouté en 1770. L'eau sortait de deux grotesques et d'une vasque centrale. Autrefois adossée au rempart, elle offrait l'eau aux villageois qui pénétraient dans le vieux village.

En redescendant vers la D 25 on peut retrouver tout au long de la COUILAL, les rues adjacentes comportant passages couverts et arches, ainsi que des façades embellies au XVII° et XIX° siècles. Une de ces ruelles, la rue des Endemesses, porte un nom qui peut laisser rêveur : ENDEMEZI, pour le dictionnaire de l'abbé de Sauvage (1756) signifierait : envie ou gageure... tout un programme !

Pour en terminer avec la visite du village une petite anecdote sur la signification de COURAL et PECOULE. En languedocien du XVII° siècle le premier, synonyme de PEBEROU était le nom de l'Epurge, une plante purgative. Quant à PECOULE ou PECOLO c'est le nom de la crotte de rat ou de lièvre, ronde et sèche... Drôles de rapprochement

En rejoignant le petit cimetière, perché sur une butte, il est probable que l'on se rende sur les lieux d'un des premiers habitats de SOUBES. Des fouilles ont permis de mettre à jour des vestiges de villa, des monnaies etc... La chapelle ST CYPRIEN, du XI-XII° est probablement bâtie sur un sanctuaire préroman. Jusqu'en 1628 elle servit d'église paroissiale et les seigneurs y avaient leur tombeau. Ruinée à la Révolution et sous le premier Empire elle perdit son clocher et une partie de la nef. La nef est couverte en berceau avec arc longitudinal, l'abside est en cul-de-four. La tribune, du XVI° est sur voûte d'ogives. La porte latérale au sud, comporte une triple archivolte.

Le petit monument aux morts de la "Grande Guerre" est l'œuvre du grand sculpteur local, P. DARDE. Cette sculpture, première d'une série, dans sa simplicité nous permet de retrouver tout le talent de ce créateur. Remarquons le mariage réussi de la forme classique du cénotaphe avec des motifs, dans le fronton, dont l'inspiration paraît orientale (Angkor ?)

Ce circuit peut, en fonction du nombre de visiteurs, de la température et de l'intérêt suscité, durer de 1h à lh 30. Aucune difficulté, mais quelques montées un peu rudes.

Sentier botanique-Sentier des Capitelles

Possibilité offerte à partir du parking, situé près du château d'eau (A 5 minutes, en voiture, de la place des Écoles)

Le Sentier Botanique comporte cent espèces répertoriées et nécessite une visite d'l h 20.Le nouveau Sentier des Capitelles, suit un parcours parallèle au précédent et le retrouve en fin de circuit. Six capitelles, cabanes à pierre sèche, toutes différentes sont à découvrir. Le périple n'excède pas 45 minutes. Ces parcours sont fléchés et bénéficient d'une signalisation très sérieuse.Retour

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